Écrire, c’est vouloir guérir. C’est apprivoiser des démons qui viennent d’un passé dont on croyait s’être éloigné. C’est se délester d’une mémoire encombrée de souvenirs trop lourds. C’est poser sur le papier ce que l’âme n’arrive plus à porter seule. Écrire, c’est aussi ouvrir une petite brèche vers l’espoir. Donner un sens aux cicatrices, et peut-être — enfin — apprendre à renaître. Oui, écrire, c’est vouloir guérir. Chacun porte en soi une histoire faite de blessures, de silences, de moments qu’on préfèrerait oublier. Ces traces, invisibles, s’imposent parfois comme des prisons intérieures. L’écriture devient alors une sortie, une façon de respirer. Mettre des mots sur ce qui nous tourmente, c’est reprendre un peu de pouvoir. Le langage arrache la douleur à l’informulé : il la sort du chaos, lui donne de l’ordre, transforme un cri muet en parole claire. On n’efface pas le passé en écrivant, mais on lui donne une forme, donc une limite. Ce qui paraissait infini dans la souffrance prend un contour — et ce contour protège. Écrire, c’est encore un geste de souveraineté. Se choisir narrateur de sa vie plutôt que victime d’un récit imposé par les circonstances. C’est faire de la mémoire une matière créatrice, transfigurer le vécu en sens. En se réappropriant son histoire, on cesse de la subir ; on la raconte, et en la racontant, on se libère. Bref, l’écriture n’est pas juste un artifice esthétique : c’est un acte existentiel. Elle ouvre une fenêtre dans le mur intérieur, laisse entrer l’air, la lumière, peut-être un avenir différent. Écrire, c’est redevenir maître de soi. Et, dans ce mouvement, découvrir que la liberté commence souvent par la parole qu’on ose enfin poser sur soi-même.

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